
5 avril 1291… Le commencement de la fin.
Pierre de TaillacPartager cet article
Les murailles constituent un puissant moyen de protéger une ville assiégée. Elles imposent à l’attaquant de les contourner ou de les percer, lui faisant perdre, outre des forces nombreuses, un temps et une énergie précieux. Mais si la ville ne fait l’objet d’aucune tentative pour la renforcer ou la dégager du siège ennemi, la fin est souvent inéluctable…
En 1187, moins d’un siècle après sa conquête, les Musulmans reprennent Jérusalem après la victoire de Saladin à Hattin. De nouvelles croisades ne permettent guère d’améliorer la situation des États latins. Si la mort du mamelouk Baïbar en 1277 offre un répit, le conflit reprend. Le sultan Al-Ashraf Khalil planifie, pour le printemps 1291, une offensive puissante avec 140 000 fantassins, 40 000 cavaliers et des machines de siège, dont des mangonneaux pouvant projeter des blocs de 50 à 200 kilos à plus de 300 mètres.
L’armée du sultan arrive à l’est d’Acre le 5 avril et installe ses campements. La ville est défendue par Guillaume de Beaujeu, grand maître du Temple, et Jean de Villiers, grand maître des Hospitaliers, avec 500 chevaliers, 800 sergents d’armes et 14 000 fantassins légers.
Après des reconnaissances et l’installation des catapultes, le bombardement commence. L’avancée des troupes du sultan est lente, mais continue en dépit de lourdes pertes. Les croisés ne restent pas sans réagir : ils lancent, avec la flotte pisane, une attaque dans la nuit du 13 au 14 avril contre le dispositif d’Al Muzaffar, au nord de la ville, et effectuent des sorties. La première a lieu dans la nuit du 15 au 16 avril : malheureusement, les chevaux se prennent les pattes dans les cordages qui soutiennent les tentes et les chevaliers ne réussissent pas à mettre le feu aux engins de siège. Une autre tentative, dans la nuit du 18 au 19 avril, vise les unités syriennes. Mais les Hospitaliers sont attendus. Le 20 avril, une nouvelle attaque tombe dans une embuscade préparée par les unités de l’émir Hussam al-Din Lajin.
Le 4 mai, le roi Henri II de Lusignan arrive de Chypre avec 100 chevaliers, 2 000 fantassins et un ravitaillement apprécié. Mais il échoue à négocier et quitte la ville. Les combats reprennent.
Dans la semaine du 12 mai, les tours du nord-est commencent à s’effondrer, victimes des bombardements et des minages. Le 15 mai, le mur extérieur de la tour du roi s’affaisse. Le 18 mai, les troupes musulmanes décident de lancer un assaut général. Les combats sont furieux. Beaujeu se bat comme un diable et meurt à la tête de ses chevaliers. Blessé, Jean de Villiers est évacué sur un navire en direction de Chypre. Les habitants, paniqués, sont massacrés. La citadelle des Templiers résiste avec 500 hommes, sous le commandement de Pierre de Sevry, maréchal du Temple, pendant dix jours.
Le 28 mai, Acre est définitivement prise. Tyr, Sidon, Beyrouth, Tortose capitulent ou sont abandonnées.
Les Etats latins d'Orient ont vécu.
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Gilles Haberey